Jacques-Louis David (1748-1825) est une référence dans l’art néoclassique français. Sa longue vie, comme son travail, est pleine de dépendances et soumise aux normes et aux régimes établis. Il a vécu la monarchie, la révolution, la république, le Directoire et l’empire napoléonien, et a su rendre son art compatible avec des moments aussi différents. C’est un artiste de label pompeux et grandiloquent en raison des circonstances et des moments où il a dû vivre. Mais dans sa vie et son travail, bat l’excellence du génie avant tout. Dans la vie, il était un activiste culturel, de même que Bernini ou Leonardo lui-même, chacun à son époque.

La corbeille de la couture 

Et je tiens à souligner ceci en choisissant, pour l’une de mes trompe l’oeils, un détail de l’une de ses œuvres. C’est une nature morte que l’on retrouve dans l’oeuvre “Bruto et les Lictores” (1789, 325×425 cmts, Paris, musée du Louvre). Ce motif a été choisi pour être utilisé comme piège qui orne un meuble rustique et ancien, le socle en bois d’un brasier.

La corbeille de la couture de Jacques-Louis David, détail de "Bruto et les Lictores"

La corbeille de la couture, détail de “Bruto et les Lictores”

C’est une corbeille de la couture, la seule référence à la vie quotidienne dans une composition avec une scène dramatique et non sans faste. Cette corbeille est un échantillon chevauchant de la polyvalence de David. Selon Jean Leymarie (*), “nature morte inattendue, digne de Zurbarán et Chardin, c’est le seul accessoire qui ajoute une note intime à l’atmosphère soudaine et nue de la tragédie “

Ce qui est extraordinaire, c’est que l’auteur ait placé cette nature morte apparemment simple au centre d’une zone de plus de 12 mètres carrés. Peut-être sans cette raison, le travail aurait été excellent parmi ceux de la virtuosité de Maître. Mais ce détail naturaliste lui a donné une touche de génie.

Jacques-Louis David, "Bruto et les Lictores", détail du centre

“Bruto et les Lictores”, détail du centre

Car, en effet, ce petit travail au sein de l’œuvre sert de centre et de cœur. Et le cœur simulé, pâle et bleuâtre, sur la nappe rouge saigne, expliquant implicitement dans la scène la mort violente des enfants de Brutus.

Mais plus surprenant encore est le détail naturaliste de cette nature morte. Une aiguille traverse le tissu, au premier plan en clair-obscur et en contre-jour qui en fait le protagoniste. C’est comme fermer une broche, qui tiendra tout le travail.

Jacques-Louis David, détail de l'aiguille dans "Bruto et les Lictores"

Détail de l’aiguille dans “Bruto et les Lictores”

Le choix de Jacques-Louis David

Cette nature morte est un prodige de résolution et d’économie de moyens.

Le trompe l’oeil de la corbeille a été réalisée au cours de la II Cours de peinture naturelle et Copie des Maîtres à Borja, Zaragoza, que L’Atelier de Santi a enseigné d’avril à mai 2018 lors de l’atelier-étude de la place du marché de Borja. Le processus de réalisation a donné lieu à l’étude et au raisonnement sur l’auteur et son travail. Cela enrichit davantage l’expérience de la peinture au-delà de la réalisation d’un travail physique.

(*) Leymarie, Jean “La pintura francesa” El siglo Skira/ Carrogio, 1995

Réinterprétation de la couturière de Jacques-Louis David pour le trou de fond d'un ancien brasier

Réinterprétation de la corbeille de la couture de Jacques-Louis David pour le trou de fond d’un ancien brasier

 

La corbeille de la couture dans son socle de brasier

La corbeille de la couture dans son socle de brasier

Si vous avez aimé cette publication sur le trompe l’oeil je vous encourage à consulter la publication suivante de L’Atelier de Santi;

Trompe-l’oeils